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Varroa destructor : l’Ennemi Invisible des Abeilles Apis mellifera

Varroa Destructor

Introduction.

Le parasite Varroa destructor est l’un des plus grands fléaux des ruchers modernes. Ce minuscule acarien, d’origine asiatique, s’est propagé dans le monde entier, et son impact sur les colonies d’abeilles européennes Apis mellifera est dévastateur. Dans cet article, nous allons explorer les origines de Varroa destructor, sa cohabitation avec les abeilles Apis cerana, les raisons de son développement rapide dans les colonies Apis mellifera, son arrivée en Europe, les moyens de lutte, et le besoin accru de vigilance chez les apiculteurs notamment débutants qui le négligent faute de sa petite taille.

1. L’Origine et la Biologie de Varroa destructor.

Varroa destructor est originaire d’Asie, où il vivait en équilibre avec l’abeille Apis cerana. Cette espèce d’abeille a coévolué avec le parasite, développant ainsi des comportements naturels pour en limiter la propagation. En revanche, Apis mellifera n’a pas eu le temps d’évoluer pour se défendre contre ce nouvel ennemi.

a. Morphologie externe.

Chez Varroa destructor, le dimorphisme sexuel est important à l’état adulte, avec des femelles presque deux fois plus grandes que les mâles. Sans yeux, ce parasite s’oriente grâce à son odorat. La femelle, de forme elliptique et trapue, est plus large que longue, mesurant entre 1 à 1,2 mm de large et 1,5 à 1,8 mm de long, ce qui la rend bien visible à l’œil nu. Sa carapace brune est couverte de soies.

Le mâle, de forme arrondie et de couleur blanchâtre, est plus petit, avec un diamètre de 0,8 à 0,9 mm. Il vit uniquement dans les cellules de couvain, alors que la femelle se trouve aussi bien dans le couvain que sur les abeilles adultes. Elle seule pratique la phorésie, une interaction où elle se fait transporter par une abeille hôte. La femelle adulte peut vivre entre deux mois et demi et trois mois et demi en été, et ce sont elles qui passent l’hiver. Les mâles adultes et les immatures, incapables de se nourrir après l’émergence de l’abeille parasitée, meurent rapidement.

b. Alimentation.

Jusqu’en 2018, on pensait que Varroa destructor se nourrissait principalement de l’hémolymphe des abeilles. Mais une étude a révélé qu’il cible surtout les corps gras, un tissu crucial pour le stockage des réserves et la production de vitellogénine, indispensable au système immunitaire des abeilles. La perte de ces graisses compromet la capacité des abeilles à se détoxifier, particulièrement face aux pesticides. En perforant la cuticule pour se nourrir d’hémolymphe et de corps gras, le varroa ouvre également la voie à une série de pathogènes – virus, bactéries, et champignons.

c. Cycle de développement.

La reproduction de Varroa destructor se déroule dans les cellules operculées du couvain, avec la femelle « fondatrice » initiant le processus. Elle se dissimule dans la nourriture d’une larve d’ouvrière âgée de cinq jours, idéalement d’un faux-bourdon, se retrouvant piégée lors de l’operculation. Plusieurs fondatrices peuvent cohabiter dans la même cellule, chacune pondant entre deux et huit œufs, dont le premier sera un mâle. Les œufs sont pondus à intervalles d’environ 30 heures ; le développement du mâle dure de 4 à 6 jours, et celui de la femelle de 5 à 6 jours. Dans une cellule d’ouvrière, une fondatrice produit généralement deux femelles et un mâle matures ; dans une cellule de faux-bourdon, la période d’operculation prolongée permet d’obtenir trois femelles et un mâle.

Lorsque l’abeille émerge, la fondatrice et ses nouvelles femelles fécondées quittent la cellule, tandis que le mâle et les femelles inachevées meurent. La fondatrice peut immédiatement se glisser dans une nouvelle cellule pour redémarrer un cycle, tandis que ses « filles » passent par une phase de phorésie, préférant les nourrices pour atteindre leur maturité sexuelle. Une femelle varroa peut réaliser de un à trois cycles de reproduction au cours de sa vie. En l’absence de couvain, les fondatrices parasitent les abeilles et survivent ainsi plusieurs mois.

2. La Symbiose avec Apis cerana.

Varroa destructor est capable de vivre en symbiose avec les abeilles Apis cerana, en partie parce que le cycle de développement du couvain d’abeilles cerana est plus court (17 jours). Ce cycle réduit le temps dont dispose le varroa pour se reproduire, limitant ainsi naturellement sa population au sein de la ruche.

3. Pourquoi Varroa destructor Prolifère dans les Colonies Apis mellifera.

Chez Apis mellifera, le cycle du couvain est plus long (21 jours), offrant à Varroa destructor tout le loisir pour se reproduire. Cette différence favorise une prolifération exponentielle du parasite, affaiblissant les colonies en se nourrissant de l’hémolymphe des larves et des corps gras des abeilles adultes et transmettant des virus dangereux.

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille vivement de lire l’excellent article du CARI sur le sujet

4. L’Arrivée de Varroa destructor en Europe et Son Impact.

Varroa destructor a été identifié pour la première fois en Europe dans les années 1970. Depuis, sa propagation a été rapide et massive, provoquant des pertes importantes dans les colonies d’abeilles. En l’absence de prédateurs naturels et de défense adaptée, les colonies européennes d’abeilles sont devenues des victimes vulnérables de ce parasite.

Contrairement au discours que l’on attend parfois il n’y à pas de zones épargnée sur aucun des cinq continents. De zones peu touchées ou des raisons fantasques invoquées comme l’altitude. Peut-être certaines iles sont-elles à ce jour encore épargnées et encore. Assurément si ce sont des cailloux sans abeilles.

5. Les Moyens de Lutte : Passé et Présent.

Des traitements chimiques aux solutions biologiques, divers moyens ont été utilisés pour contrôler Varroa destructor. Parmi les traitements chimiques, on trouve l’utilisation d’acides organiques comme l’acide oxalique et l’acide formique, qui sont encore des méthodes de lutte populaires. Plus récemment, des méthodes biotechnologiques, comme le piégeage de varroas dans le couvain de mâles, ont été introduites. Des programmes de recherches dont les résultats sont très prometteurs sont également en cours pour sélectionner des abeilles résistantes au varroa.

Merci en particulier aux collègues apiculteurs d’Arista Bee Belgium de mener ce travail de sélection.

Au moment ou j’écris ces lignes en France les traitements autorisés bénéficiant d’une AMM sont au nombre de treize pourtant je ne serais en conseiller que 4 tant certains sont dénués d’efficacité.

  • Apivar
  • Apitraz
  • Api-Bioxal
  • OxyBee
  • Varromed

Pour les employer correctement, je vous recommande l’excellent travail de nos techniciens chercheurs apiculteurs de l’ADAPI que vous pouvez consulter ici.

6. Le Manque de Vigilance des Apiculteurs Débutants.

Pour les débutants, détecter Varroa destructor peut être difficile, car il est petit et se cache facilement. Ce manque de vigilance peut mener à des infestations graves si le parasite passe inaperçu, d’où l’importance d’apprendre les techniques de détection comme l’utilisation de fonds de ruche grillagés et d’autres méthodes de comptage.

Souvent j’entends dire “Mais pourtant j’ai traité”. Les Bonnes questions à se poser son pourtant simple.

  • A quel moment ais-je traité ?
  • Quel moyen de traitement ais-je utilisé ?
  • Quel est le résultat de comptage, le traitement à t-il été efficace ?

Cessons de croire que sous prétexte d’être dans le sud de la France l’hiver arrive plus tard et nous avons le temps pour le traitement estival. Ce raisonnement nie la réalité biologique de reproduction des varroas et met gravement en danger vos abeilles et celles de vos voisins. Les traitements estivaux qui interviennent fin août sont faits bien trop tard alors septembre et octobre…

Faible infestationInfestation modéréeForte infestation
Avril à Mai< à 1 varroa / jour1 à 5 varroas / jour> 5 varroas / jour
Mai à Juin< à 2 varroas / jour4 à 8 varroas / jour> 8 varroas / jour
Juillet< à 6 varroas / jour6 à 10 varroas / jour> 10 varroas / jour
Août à Septembre< à 4 varroas / jour> à 4 varroas / jour> à 4 varroas / jour
Octobre à Novembre< à 1 varroa / jour> à 1 varroa / jour> à 1 varroa / jour
Le tableau de comptage varroas à retenir.

Conclusion.

La lutte contre Varroa destructor est un défi quotidien primordial pour les apiculteurs du monde entier, en particulier pour les novices qui doivent apprendre à reconnaître et à contrôler ce parasite. Adapter les pratiques apicoles pour limiter sa prolifération est crucial pour la survie des colonies Apis mellifera, qui jouent un rôle essentiel dans notre écosystème et notre agriculture.

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