Introduction.
Le Varroa destructor, véritable fléau pour les colonies d’abeilles, pousse de nombreux apiculteurs à rechercher des solutions dites « naturelles » pour le combattre. Si l’idée d’éviter les traitements chimiques est séduisante, le marché regorge de pratiques douteuses et d’approches inefficaces, transformant la lutte contre ce parasite en une véritable “foire à la saucisse”. Explorons ensemble ce qui fonctionne vraiment et ce qu’il vaut mieux éviter.
Les prétendus traitements miracles.
Certains remèdes “naturels” font souvent leur apparition dans les forums et groupes d’apiculture. Voici un aperçu des pratiques les plus populaires, mais aussi des plus controversées :
- Les huiles essentielles artisanales : Bien que certaines huiles comme le thymol ou l’eucalyptus puissent avoir un effet acaricide, leur dosage approximatif et leur application maladroite notament lorsqu’il fait chaud peuvent stresser les colonies. Vous pouvez étendre cela aux autres huiles essentielles comme l’huile essentielle d’Anis vert ou d’origan d’espagne. Je vous invite à lire cette étude de l’ITSAP sur le sujet
- Les plantes répulsives : Placer des herbes comme la menthe ou le romarin dans la ruche est absolument inefficace. Le Varroa ne fuit pas les “odeurs désagréables” : il s’accroche aux abeilles et se cache dans le couvain. Il en est de même pour les inspirations plus culinaires comme l’usage de la Rhubarbe, de la Banane et de l’ail. Même si dans le dernier on peut s’amuser pour les plus taquins qu’il y est de l’idée dans le coté “repousse vampires”…
- Les solutions maison : Des recettes circulent sur Internet, elles ne sont ni évaluée scientifiquement ni éprouvées par des apiculteurs ayant un cheptel en bonne santé et peuvent aggraver la situation en affaiblissant les colonies.
- Les radiesthésistes : L’usage de pendules et autres baguettes de sourciers sont très certainement intéressants pour indiquer les sources d’eau etc… Toutefois les adeptes des poses d’aimants sur les ruches, fils de cuivres sur la planche d’envol et autres originalités sont priés de s’abstenir.
Ce qui marche : des traitements naturels validés.
Certaines approches naturelles ont fait leurs preuves grâce à des recherches sérieuses et une mise en pratique rigoureuse :
- Les acides organiques :
- Acide oxalique : Utilisé en sublimation ou en dégouttement, il est particulièrement efficace pendant l’absence de couvain. (Traitements avec AMM : Apibioxal et Oxybee)
- Acide formique : Puissant mais délicat à appliquer, il peut éliminer les Varroas dans les cellules operculées.
- La rupture de couvain : Cette méthode consiste à confiner la reine pour bloquer la ponte et permettre un traitement efficace sur les Varroas sans refuge dans le couvain. (A cet effet je recommande vivement l’usage de Cages Scalvini)
- Les pièges à Varroa :
Une solution mécanique consiste à retirer des cadres de couvain de mâles, préférés par le parasite, pour les détruire avant l’émergence. - L’élevage de souches résistantes :
Miser sur des abeilles capables de détecter et éliminer elles-mêmes les Varroas (comportement VSH) constitue une solution durable et naturelle. Des travaux réellement intéressant sont menés sur le sujet par Arista Bee Research
Méfiez-vous des promesses trop belles.
Le traitement naturel du Varroa est un domaine où la désinformation prolifère. Avant d’investir dans des solutions prétendument révolutionnaires, demandez-vous si elles reposent sur des bases scientifiques solides ou si elles ne sont qu’un énième produit de la “foire à la saucisse”. Les solutions simples et peu coûteuses ne remplacent pas une approche réfléchie et rigoureuse.
Conclusion.
Le traitement naturel du Varroa n’est pas un mythe, mais il ne doit pas se transformer en quête de remèdes miracle. En tant qu’apiculteurs responsables, privilégions les méthodes éprouvées, basées sur des études et des retours d’expérience fiables. Et quel que soit les traitements que vous utilisez faites des comptages. On le dira jamais assez. La santé de vos abeilles en dépend !
Les ruchers écoles font pour la plupart un travail de pédagogie formidable. Adoptez les bonnes pratiques. Rejoignez-lez !
Merci à mon ami Jo qui se reconnaitra pour m’avoir lancé sur le sujet !